Mon Enduro Des Terres Noires 2018 // Vis ma vie de poireau de l’enduro

Cette course, je l’attendais depuis 2016. J’avais pris tellement de plaisir cette année là qu’il fallait que j’y revienne !… Même si je savais que j’allais en chi..!
Une fois l’inscription validée, je n’ai pas eu beaucoup de mal à convaincre Benji et Romain de revenir aussi, ainsi que François qui devait tester cette course ! Et puis dans la liste des inscrits j’ai aperçu Florent et Sté Lian alors autant se faire le déplacement ensembles, dans le même gite #BonneÉquipe

Et je leur ai préparé un petit roadbook chacun, à coller sur le cadre…

Arrivés vendredi soir, on s’envoie une pizza/binouze chacun dans le centre-ville, assortie de bonnes vieilles blagues… Mais on surveille tous les dernières prévisions météo du lendemain.
Je reste optimiste: « on va passer à travers, on ne se prendra pas la pluie ! »… Puis on reçoit un message de l’organisation qui nous explique que « les parkings (les prés) du départ de la Liaison 1 sont boueux et que les véhicules vont rester planter dedans. La solution est donc de partir en vélo depuis le PC course à Digne et de monter sur non-pas 300m mais 700m ». Pas le choix et puis à la fois on n’aura pas besoin d’aller chercher les voitures en fin de journée.
Samedi matin, on ouvre les volets à 7h00 et il fait beau mais il y a des nuages au loin… « Ça va le faire ! » #Optimiste

8h19 on pointe en bas et on attaque la Liaison 1 vers le hameau du Villard des Dourbes. Ça monte bien sur la route mais… ça monte ! Je pars toujours un peu vite mais je fais l’ascension avec François. Au Villard, on quitte la route et on découvre le chantier: c’est dégueulasse Une bonne boue liquide ou collante suivant les endroits, à cause des pluies des jours précédents.

En haut de la Liaison 1, on a donc fait 15km et 700m de D+ sauf qu’on arrive après notre heure de départ (comme pas mal d’autres concurrents). Je passe devant le départ et le starter voit ma plaque et me dit de partir. Je bois une gorgée d’eau, j’enfile le masque, je suis mort, je sue comme un cochon… et goooo !
Spéciale 1: j’ai l’impression que c’est la même qu’en 2016. Ça attaque sur un single peu pentu dans les bois mais il est dégueulasse. Je me mets en vrac partout. Je roule depuis 30″ et je me dis que la journée va être longue ! Je sors de la forêt et j’arrive dans les terres noires. Là, il y a une succession de toboggans et de pétards…. Et p’tain ces pétards, ils te cassent les pattes ! Au 3è, je préfère sauter du vélo et courir mais… Burp burp heeee J’ai la gerbe qui monte… Noooon ! L’enchainement liaison/spéciale est un enfer ! Je termine comme je peux ! Je n’ai même pas pu apprécier le circuit…
A l’arrivée, mon niveau de lucidité est proche de zéro et j’ai le moral dans les chaussettes. Je pense même à l’abandon tellement ça m’a mit une claque au moral ! J’arrive même pas à faire des photos des terres noires, c’est dire !

Mais non bordel, t’es pas là pour t’arrêter déjà !
Au ravito d’Archaix, je fais un carnage ! Je descends une bouteille de Coca et j’empile les pâtes de fruits dans ma bouche ! Refait le type !
Un ancien qui aide les bénévoles me propose une gniole… « Me cherche pas toi ! »
Liaison 2, on monte sur un single dégueulasse, comme si tu roulais dans la chiasse ! Puis on pousse dans les terres noires où on croise la Spéciale 1. Les tops pilotes passent à une allure incroyable (notamment Romain !)

L’effet Coca/pâtes de fruits fonctionne, je me requinque !
Au départ de la Spéciale 2, je le sais, c’est celle « des crêtes » et il y a forcément une petite inquiétude ! En 2016, j’étais tombé juste avant de revenir dans la forêt et heureusement, avec ma « technique de l’étoile de mer », je n’avais pas dévalé la pente sur le côté !
Le départ dans la forêt est un peu plus sec que sur la Spéciale 1 (en plus les nuages se sont éloignés). Ça serpente entre les arbres et François, parti derrière moi, me double avant d’arriver sur les crêtes (parfait ! J’ai personne derrière sur les crêtes).
En fait, ce qu’il faut savoir, c’est que le truc le plus chaud (à mon avis), ce ne sont pas les crêtes mais le dévers d’avant, qui longe la forêt. Là, je roule sur des œufs ! Et c’est parti pour les crêtes ! Je m’oblige à regarder loin, à freiner avec parcimonie et ça passe carrément bien !
Je retourne dans la forêt, ça penche un peu mais j’enchaine bien et puis sur le bas, biiimmmm, ça rattaque avec les pétards qui me scient les pattes jusqu’à l’arrivée… Rolalalaaaa, c’est dur ! Je demande aux signaleurs s’ils ont un cœur artificiel mais aucun n’est équipé !
En bas de la Spéciale 2, je suis dead !

Et là, c’est parti pour la Liaison 3, gros poussage sous le cagnar. Je suis mort ! Il fait super chaud et les nuages noirs, autour de Digne, lâchent de grands coups de tonnerre… « On va y prendre ! »
Florent reste avec moi dans cette liaison et cette course individuelle est en train de devenir un sport d’équipe !
On arrive au départ de Spéciale 3 en ayant fait un genre de fractionné pédalage/poussage (je me dis qu’en « run and bike » on serait peut-être pas trop mauvais ?)

Spéciale 3: l’orage est tout prêt ! On aperçoit des averses autour de nous, ça tonne… Et les bénévoles nous demandent de prendre le départ. On a aperçu François prendre son départ et après quelques minutes, Florent démarre. Je pars peu après.

Cette spéciale me parait assez nouvelle et elles est sèche ! Un super single rapide avec des beaux appuis, des racines, puis des zones érodées où je saute les marches (parfois par deux) sans toucher aux freins puis… un pétard de la mort sur 100m de long pppffff Heureusement après ça rattaque avec du rapide et du fun ! Rolalalalaaa, elle est vraiment géniale cette spéciale !
En bas, François, Stélian, Benji et Florent sont là. On va au ravito du PC Course et on apprend que la Spéciale 4 va peut-être être annulée à cause des orages. Au bout de 45′, l’organisation nous annonce que la Spéciale 4 est maintenue et tout le monde part sur la Liaison 4 vers « l’antenne »… sous la pluie (mais il ne tonne plus).
La montée de presque 650m sur la route, se fait sous l’eau… Un régal !

En haut, c’est le bordel. Tous les concurrents attendent leur départ mais ça ne part pas puisque le médecin de course est occupé par un gars qui s’est fracassé sur les crêtes et un autre qui a fait un allergie en bouffant un Snickers au ravito (allergique aux cacahuètes)… Enfin je crois que c’est ça ?

[C.P: Ti Cos]

On attend 45′ sous la pluie, au sommet de la montagne, et le vent se lève même un peu… J’adore !

Finalement, l’organisation laisse démarrer la course et je vois François et Stélian qui passent dans les premiers… Et c’est tant mieux pour eux parce qu’après, ça pleut fort !
Comme je suis resté sur le côté du paquet à discuter avec les copains, je m’engage dans la queue au moment où ça pleut fort et je découvre la Spéciale 4 !
Spéciale 4: le début se fait sur un single pioché récemment à flan de montagne avec des épingles dans la pente et de la terre glaise (?)
C’est un carnage total ! J’arrive à passer les épingles sans tomber grâce à ma technique mondialement reconnue du pied/compas mais dans tous les virages du haut il y a des cadavres dans les buis. J’en entends qui gueulent: « putain mais c’est n’importe quoi ?! Ils veulent qu’on se fasse mal ou quoi ? »
Finalement, je rentre dans la forêt après m’être fait doubler quelques fois quand même (mais toujours en gênant le moins possible mes poursuivants) et le grip n’est pas trop mauvais. Je me fous en travers pour taper dans les virages relevés et je remercie dieu à chaque virage réussi !
Malheureusement, ça ne dure pas longtemps puisqu’en bas la boue colle de plus en plus ça bourre dans le cadre. Ma roue arrière reste bloquée 3 fois et je dois m’arrêter pour parvenir à rouler. Je me prends même une gamelle le troisième coup, couché sur le côté, les jambes d’un côté d’un arbre et le haut du corps de l’autre. Plié en deux !… Mais pas de rire ! Un peu plus loin, alors que j’essaie de pédaler malgré cette boue, j’en arrache mon petit guide-chaine…
J’arrive au ruisseau et le bas est rapide et la boue est liquide. Me voila sauvé !
A l’arrivée, je suis crépi mais j’ai fini la journée ! Alors bien sûr que je vais finir ! (Malgré avoir pensé à l’abandon dans la 1)
Le soir, on est tous morts au gîte ! On s’envoie quand même une petite bière, une plâtrée de spaghettis bolo avec de l’Aubrac de Florent et le saucisson maison de ma mère. On refait le monde, on refait les spéciales, on regarde les caméras embarquées de Romain (pppfffiiiooouuu, ça avionne) et on se couche avec les cuisses en feu après 56km et 2060m de D+ sur le VTT (et à côté aussi ! )

7h ce matin, le téléphone de François réveille toute la clique !
On regarde dehors: il fait beau, et même bien meilleur qu’hier à la même heure ! Heureusement sinon on aurait peut-être bien bâché s’il pleuvait !
« Allez, on se bouge ! C’est juste comme une rando du dimanche matin aujourd’hui »
8h15, on est les premiers à pointer au PC Course pour la Liaison 6 (la Liaison 5 et la Spéciale 5 on été annulées pour les mêmes raisons que la veille) et on attaque par la route. Comme d’hab’ je pars un peu vite et je roule avec Jey Maréchal (sur son E-bike) avant de me dire « olaaaa, calme toi ! ». Puis on prend le chemin de 4X4 où je bavarde avec Johan Souque puis Laurent Meunier… Puis on enquille un magnifique single (sec)… et interminable quasiment jusqu’au départ de la Spéciale 6.

Quand j’arrive là-haut, les meilleurs s’élancent… Et Goula (22è) n’a quasiment pas le temps de souffler ! Ni même Stélian (29è) ou Benji (38è). François part à la 85è place. Florent est 213è et moi 249è.

Spéciale 6: ça démarre sur un single relativement pentu avec de belles épingles sèches ! Trop bon ! Je double 2 gars (Champagne ! Je suis chaud comme la braise aujourd’huiiiii !) Et puis après une relance sur un chemin de 4X4, on rentre dans un single profond et mouillé. Les cailloux et les racines ressortent un peu avec les passages et je glisse de l’avant, j’ai du mal à prendre les épingles, j’y arrive pas, j’ai peur… Fais chier ! Les 2 gars me redoublent puis 3, puis 4, puis 5…. pppfffff Je suis dég’ ! C’est pas possible d’être une quiche pareille sur le gras surtout qu’il y a deux ans j’avais aimé ce bas de spéciale sur le sec !
Bon, bref, pas grave, je suis en bas !
Je repasse au ravito du PC Course et je croise Florent qui part pour la liaison 7. Les autres sont déjà tous en route bien-sûr.
Je refais un peu de maçonnerie dans ma bouche avec des pâtes de fruits empilées que je fais prendre avec du nougat et que je mouille au Coca ! Ensuite, je remplis mes deux gourdes avec du sirop de menthe.
« P’tain, il ne te reste qu’une montée (la descente tu la feras de toutes manières), allez, finis ça ! »
Et c’est parti pour la Liaison 7, qui est en fait la même liaison de 650m que la 4 de la veille vers « l’antenne »… Encore un bon morceau !
Sur la première moitié, je monte bien tout en bavardant avec d’autres concurrents puis une fois dans la forêt, j’aperçois Florent… Je ne pensais pas le rattraper ! On monte les lacets d’en haut à pieds et ensembles. Florent est cuit ! Il est couché sur son vélo qu’il pousse, ou c’est peut-être son vélo qui le porte (?) Et on arrive finalement en haut éreintés physiquement mais motivés, mentalement, pour en finir !

Spéciale 7: the last one ! Je la connais un peu. C’est la même qu’en 2016, quand j’avais fini avec une crampe à la cuisse droite et l’impossibilité de plier la jambe sur la moitié du circuit. C’était folklorique pour tourner à droite, pied en bas…
Ma descente se passe plutôt bien et je me prends une petite gamelle en me poussant sur la gauche pour laisser passer 2 gars. Sur le bas, je sens qu’une crampe arrive. « Hooo non, pas comme en 2016 ! » Mais finalement, elle ne se déclenche pas !
Dans cette spéciale, il n’y a quasiment pas de montée (comme dans la 6 d’ailleurs) et elle est vraiment top ! Sur le bas, les copains m’attendent et m’encouragent et je donne tout… Sur 50m avant la ligne !
Au final, je ne sais pas comment c’est possible mais je gagne quand même des places par rapport à la veille ! Je termine 226è scratch et 53è Master (on était 400 au départ).
Avec les deux spéciales d’aujourd’hui, le circuit nous a amené à un total de 89km pour 3300m de D+ (il me semble qu’initialement, sans les soucis de boue dans les parkings, ça devait faire 72km pour 3100m de D+ ?)
Les copains ont vraiment bien gazé ! Romain termine 18è, Stélian 29è, Benji 33è, François 83è (17è Master) et Florent 204è.
Après un excellent repas offert par l’organisation, on est rentré à la maison.

L’Enduro des Terres Noires, c’est une « épreuve » mais au-delà du caractère physique de la chose, c’est avant tout une organisation incroyable ! Tout est pensé de A à Z sans fausse note: même les sets de tables des repas du samedi soir et du dimanche midi sont des cartes des spéciales (c’est une exemple, une anecdote, mais c’est dire…). Alors oui, les choses se sont compliquées avec la météo des derniers jours et la météo de samedi, mais il s’agit bien là du seul paramètre que l’organisation ne peut pas maitriser.
Au final, l’Enduro des Terres Noires 2018 a encore été une belle réussite ! Quelle course !
Je n’ai pas pris autant de plaisir qu’en 2016 mais c’est en aucun cas la faute de l’organisation mais bien de ma détestation des conditions humides… Alors vivement 2020 ? Sur le sec ?

P.S: si vous pouviez juste virer quelques pétards dans les spéciales, elles seraient encore plus funs !