Et si Han Solo faisait du ski de rando sur le Mont Ventoux ?

Voila un an et demi que je suis en Provence et après quelques journées de ride au Bikepark du Ventoux, une montée en VTT (de gros enduro !) depuis Malaucène (en 2012) et une vidéo avec Alexandre Neulat, j’avais dans la tête d’y monter en hiver. Avant d’arriver dans le coin, je ne savais même pas qu’il y avait des stations de ski (ou peut-être seulement des Centres de Ski selon la classification française ?) sur cette montagne. Côté sud, le Chalet Reynard compte 2 téléskis (dont un qui dessert le Bikepark en été) alors que du côté nord, le Mont Serein compte 8 remontées mécaniques (7 téléskis et un tapis roulant). Cela peut paraitre dérisoire pour les habitués des stations alpines mais pourtant, je garde un si bon souvenir d’enfance lorsque j’allais skier au Falgoux près de chez moi dans le Cantal (d’où je suis originaire) et où il y avait un fil-neige et 1 téléski ! Ce genre de petite station est parfait pour la découverte du ski sans se ruiner !
Ce mercredi, en revenant de mon travail, je jette un coup d’œil vers cette montagne puisque le ciel s’éclaircit un peu… et je me rends bien compte que « ça a posé » ! Arrivé à la maison, je regarde les prévisions pour la fin de la semaine et la neige est encore annoncée vendredi et samedi. Je pars sur la page Facebook de la station et les pisteurs annoncent que tout le domaine sera ouvert dimanche et qu’il y a 1m de neige en bas des pistes et 1,50m en haut. Énorme !
Pour la découverte des pistes de la stations, je me dis que j’irai en famille une autre fois… Je prends donc la décision de tenter une ascension du Ventoux depuis le Mont Serein. Cela représente une montée d’un peu plus de 500 de D+ puisque la station est à 1400m et le sommet est à 1911m.
Étant donné que je ne connais personne qui soit capable de m’accompagner et de me guider, je choisis de passer par la route pour la montée et par la Combe Loubatière pour la descente. Cet itinéraire (suivant les informations trouvées sur le net) ne présente pas de risque, surtout que le risque d’avalanche est de 4/5 (apparemment, il y a déjà eu quelques belles avalanches dans la Combe Fonfiole/Le GR4).

Ce matin, réveil à 7h15. Je prends la route à 8h et j’arrive au Mont Serein à 9h. Sur la route, la neige est là quasiment dés la sortie de Malaucène. Plus je monte et plus il y en a ! Oui, oui, on est bien dans le Vaucluse !

9h15, j’attaque la montée ! Les prévisions météo annoncent une amélioration au fil de la matinée… J’y compte bien vu le brouillard quelques mètres au dessus !

Pour ce qui concerne l’enneigement, c’est effectivement de la folie (pour le coin !). En début de montée les panneaux de  signalisation de la route sont encore visibles (mais un peu plus haut on ne les voit quasiment plus !)

Je monte à un bon rythme et au niveau du croisement entre la route et le Téléski des Crêtes, je croise 2 pisteurs qui me disent que je peux avancer mais qu’il faudra « que je m’arrête là où il y a du vent car il y a eu des formations de plaques »… « OK, je ne prendrai pas de risque ».
Heureusement, un peu plus loin je rattrape une paire de raquettistes bien sympas qui grimpent avec les skis et les chaussures sur le dos. Je décide de faire une partie de la montée avec eux (mais je me rends compte qu’on va quand même beaucoup plus vite avec les skis de rando/les peaux… Je les attendrai à plusieurs reprises).
Une fois la Combe Loubatière passée, on arrive au niveau du virage en épingle qui jouxte le GR4 et là biiimmm ! Le vent apparait, on n’est plus protégé par la forêt ! Ensuite, chaque mètre de dénivelé parcouru entraine une augmentation de la vitesse du vent. En 50m, ça commence à devenir l’apocalypse ! Un groupe de 3 skieurs bien équipés nous doublent bien vite et je leur « fais l’aspiration ». Arrivés au virage en épingle du radar (à 1824m), on est dans une vraie tempête !

Ce panneau est dans le virage du Radar:

2 skieurs abandonnent et redescendent pendant que le 3è continue sa montée… Je lui dis « je te suis si tu connais » mais je pense qu’il ne m’entends pas tellement le vent est fort. Lui, il trace (il semble connaitre en effet !), il n’est pas là pour « acheter du terrain » apparemment ! Je l’entends me gueuler « on va passer sous la chapelle Sainte-Croix » (1884m). Je le suis encore quelques minutes puis je décide d’abandonner… On est dans une vraie purée de pois, le vent est tempétueux, j’ai des stalactites qui se forment sur mon bonnet, mes sourcils, mon nez (et celui que je suis dispose d’une cagoule, bien vu !) et plus on avance, plus j’ai l’impression qu’on est sur des plaques à vent ! La neige n’est plus poudreuse, elle se craquelle, il y a des congères, puis ça redevient de la poudreuse… En gros, vous voyez le début de Star Wars 5 quand Han Solo cherche Luke Skywalker sur la planète (glaciale) Hoth recouverte de neige…? Et bien c’était pareil ! Tant pis pour les 30m restants ! De toutes manières, je ne vois même pas l’antenne, ni même la Chapelle Sainte-Croix pourtant je suis à côté, et si je me fais distancer, je vais me paumer.

Demi-tour, je rejoins les raquettistes que j’aperçois à peine (et qui se sont fait rattraper par un autre groupe de skieurs), je « dépeaute » et en avant la descente !

En démarrant, l’autre groupe de skieurs nous informe que le haut de la Combe Loubatière comporte des grosses marches, des congères… On reste donc sur la route pour le début de la descente vu le niveau de visibilité et la méconnaissance du terain… Mais c’est un peu frustrant !
Une fois dans la partie boisée de la Combe Loubatière, on est à l’abri du vent, la visibilité est bonne et la neige est… démente !
Voila des images des raquettistes:

Olivier

Benjamin:

Un peu plus bas on passe dans la forêt pour rejoindre les pistes du Mont Serein… Gavage !

Après, c’est sûr qu’il y a pas mal de traces de ce côté. En fait, beaucoup de skieurs qui prennent le Téléski des Crêtes parviennent à tirer jusqu’à ce hors-piste. Le top semble quand même la Combe Fonfiole qui est longue et très pentue… Ce sera pour la prochaine fois peut-être ! Et puis il faut que je parvienne à monter au sommet du Ventoux  !
Avec cette première montée, je me suis aussi rendu compte que le Mont Ventoux est très fréquenté sur sa partie haute par les randonneurs (en ski de rando ou en en raquettes) et en y réfléchissant bien, c’est plutôt logique vu que cette montagne est la seule dans le coin à proposer un tel dénivelé, un tel enneigement…

En rentrant à la maison, je me dis que j’ai quand même une sacré chance d’habiter là ! Chez moi la météo est bonne et je pourrais aller faire un tour de VTT au sec ! Dans quelle région peut-on en faire autant ?! Ski de rando ou alpin le matin, VTT d’enduro ou de DH l’après-midi… What else ?!

Petit clin d’œil aux copains valloirins… Je suis le premier à (presque) monter le Ventoux et descendre une Galibier en une matinée, non ?

Je surveille la météo… et je vais y retourner là-haut !

Julien